On vous en parlait récemment : les prix du cacao ont enregistré des hausses spectaculaires. Bien qu’ils aient légèrement baissé, ils ne sont pas redescendus au niveau d’avant la crise. Les experts du secteur attendent avec impatience les résultats de la prochaine grande récolte en Côte d’Ivoire, qui pourraient influencer les tendances des prix.
Parallèlement, le marché du café connaît une hausse remarquable des prix. Dans cet article, nous explorons les raisons derrière cette augmentation et son impact sur le consommateur. Découvrez comment la rivalité entre le robusta et l’arabica, les conditions climatiques défavorables et d’autres facteurs combinés redessinent le paysage du café.
Un peu de contexte
Le café est, après le pétrole, la matière première qui connait la plus forte spéculation sur les marchés financiers. Il y a 2 grandes variétés de café. D’une part l’Arabica. D’autre part, le Robusta. Ce dernier est traditionnellement beaucoup moins cher que le premier car il est plus productif et plus facile à cultiver. C’est donc aussi le Robusta qu’on retrouve dans les cafés « premier prix » ou de moindre qualité.
Depuis peu, le marché du café connait 2 phénomènes uniques et très particuliers.
Premièrement, le Robusta est quasi au même prix que l’Arabica (5128 $/tonne). Il était à 1800 $/tonne il y a 3 ans. Deuxièmement, le prix du Robusta fait augmenter le prix de l’Arabica à 5511 $/tonne, ce qui correspond au prix le plus haut de ces 3 dernières années. A noter que le record du prix de l’Arabica de 1977 (7500 $/tonne) n’est pas encore battu.
Quelles sont les raisons de cette emballée de prix ?
De nombreuses raisons peuvent expliquer cette hausse de prix :
Augmentation de la demande en Chine
La demande de café robusta a fortement augmenté en Chine. devenu le pays avec le plus de coffee-shops au monde.
Baisse de l’offre au Vietnam
Le principal producteur mondial de robusta, le Vietnam, connaît une baisse significative de l’offre. Les producteurs lui préfèrent la culture du durian et du caoutchouc qui sont jusqu’à 3 fois plus rentables.
Conditions climatiques défavorables en Indonésie
Des sécheresses importantes en Indonésie, un autre gros producteur de robusta, contribuent également à la réduction de l’offre.
Spéculation sur les marchés
La spéculation est particulièrement forte, avec des marchés réagissant rapidement aux rumeurs concernant les conditions climatiques, ce qui accentue la hausse des prix.
L’entrée en vigueur du nouveau Règlement Européen.
Ce règlement contre la déforestation importée refroidit certains pays producteurs de café, les incitant à renoncer à vendre en Europe. Cela contribue à une contraction supplémentaire de l’offre.
Augmentation des coûts d’énergie et de transport
En résumé, nous avons d’un côté une demande qui augmente fortement ; de l’autre, une offre qui se contracte. Et les mécanismes du marché font le reste. Résultats : les prix explosent.
Les conséquences de la hausse de prix du café
Le consommateur ressentira sans doute la hausse des prix, mais de manière modérée. Cette augmentation variera selon le lieu de consommation.
Dans les supermarchés, on estime que l’augmentation pourrait atteindre 0,80 €/kg. À la table d’un café, le prix pourrait grimper de 0,20 centimes, selon des professionnels du secteur. À court terme, le café restera l’une des boissons les moins chères du marché, juste après l’eau. Les cafés de marques de distributeurs et de moindre qualité, connaîtront sans doute les hausses les plus significatives en raison de leur forte teneur en Robusta.
Les experts anticipent également des conséquences sur le goût de certains cafés. En effet, les industriels utilisant des mélanges devront probablement adapter leurs recettes en diversifiant leurs origines pour rester compétitifs.
Enfin, la disponibilité du café sur le marché pourrait être affectée, car les stocks se réduisent considérablement en raison de la flambée des prix.
À noter que, malgré des hausses qui pourraient rester raisonnables à court terme, les spécialistes du secteur n’excluent pas d’autres augmentations possibles début 2025.
Saviez-vous qu’après l’Allemagne et l’Italie, la Belgique se classe en tant que troisième importateur européen de café, grâce à son port d’Anvers ? Chaque année, notre pays consomme 50 000 tonnes de café, dont un cinquième est dégusté hors du domicile. De plus, le marché du café représente un poids économique de 900 millions d’euros dans notre Royaume. |